(tobias) bonkers

A leurs yeux, tu as tout de suite été plus précieux que les joyaux de la couronne, et ils n’ont eu de cesse de te le répéter chaque jour que Dieu faisait. Alors à force d’entendre que tu étais la septième merveille du monde, tu as fini par y croire.
Tes parents sont des ces gens dont l’amour niais est gênant mais à la fois tellement inspirant. Après toi, il y en a eu trois autres, trois filles tout aussi chéries que toi, mais tu restais le garçon, le premier né, l’héritier dans un sens, même si vous n’aviez aucune fortune à léguer.
Tes parents c’était surtout de ces artistes encore un peu utopistes qui préfère voir le verre à moitié plein. Ils ont bien essayé de te mettre à l’art, toi aussi, mais ça a été un échec cuisant, tu étais bien trop remuant.
Tu ne pouvais néanmoins pas aller à l’encontre de ta nature : tu étais doué dans tout ce que tu entreprenais. Doué en sport, doué à l’école bien que tu ne t’y intéresse pas beaucoup. Ton truc à lui, c’était de patauger, encore et toujours. Tu adorais l’eau et l’eau te le rendait bien. C’était l’endroit où tu te sentais le mieux, comme un retour au ventre de ta mère. Si tu faisais ça par plaisir au début, on a vite remarqué ton potentiel à l’adolescence et c’est ainsi que l’épopée a commencé.
Si on t’avait laissé faire, tu aurais arrêté l’école pour ne te consacrer qu’à la natation mais pour tes parents, il en était hors de question. Il fallait que tu penses à ce que tu ferais après la natation mais ça tu ne voulais pas l’entendre. Ce qui avait changé ta vision des choses, ça avait été cette amie que tu avais, Bella. Vous faisiez de la natation ensemble, vous vous entrainiez énormément, passiez aussi beaucoup de temps ensemble en dehors. Elle aussi elle était promise aux sommets. Mais elle était tombée enceinte, avait fait un déni, s’en était rendue en plein travail, à la piscine… Ni elle ni le bébé n’avait survécu. Jamais tu ne t’étais senti aussi… impuissant. Et tu t’étais promis que cela ne se reproduirait plus. Tu allais faire médecine.
 
C’est à 19 ans qu’il était tombé amoureux pour la première fois. Tu avais toujours eu cette relation particulière aux femmes, toujours à chercher leur présence. Mais aucune n’avait accroché ton cœur comme ta mère ou tes sœurs. Jusqu’à elle. Elle, elle t’avait carrément harponné, elle t’avait mis à genoux. La mascarade a duré un bon moment, elle t’a fait croire qu’elle t’aimait quand tout ce qu’elle voulait c’était briller. Tus n’en as pris conscience que lorsqu’il était trop tard, lorsqu’elle avait fait fuité une sextape de vous, juste après ta première prestation tonitruante aux JO. Tu avais été anéanti et t’étais juré qu’on ne t’y reprendrait plus.
Cette décision s’est accompagnée d’une progression fulgurante au niveau de la natation. Depuis les JO de Pékin, tu étais entré dans la cour des grands et tu ne cessais d’améliorer tes performances jusqu’à faire des podiums face aux plus grands. Désormais, tout le monde connaissait Tobias Higgins.
Tu as pris tout le monde de cours lorsque tu as annoncé ta retraite après les JO de Rio. Tout le monde s’attendait à ce que tu continues, à ce que tu tentes de battre ton record de médailles d’or dans une même olympiade, après tout, tu n’avais que 27 ans mais tu estimais que la natation ne pouvait plus t’apporter grand-chose, que c’était devenu une contrainte et que tu voulais arrêter au sommet de la vague.
Bizarrement ça a poussé les paparazzis à te traquer encore plus, comme s’il fallait combler le manque de toi dans les médias. Et comme tu n’étais pas connu pour être l’homme le plus droit de la terre au niveau de tes aventures… les plus sulfureuses ont fait la une des journaux. Estimant que tu en avais assez d’être dans l’œil du cyclone, tu as mis le cap sur Hillsboro il y a un an et demi, après avoir entendu parlé de New Legacy. C’est là, dans un cabinet où tu étais associée à une charmante pédiatre, que tu avais commencé à exercer comme gynécologue-obstétricien.