late night talk. (brilippe)

Les jours ont passés, tu sens que tu vas un peu mieux chaque matin. Enfin, presque. Disons que tu vis mieux avec tout ce qui se passe. T'as eu le temps de déprimer, de faire ton deuil, de boire un peu trop et de te remettre sur les rails. L'ambiance est pas au top le dimanche pendant les réunions de famille, surtout depuis que Callum s'est fait littéralement répudié comme un mal propre et que tu te retrouves seule à table avec ta mère au bord de la dépression et ton père froid comme un glaçon. Grosse ambiance.
Ce soir t'as décidé de sortir un peu pour te vider la tête et t'as aucun doute sur le fait que tu vas pouvoir croiser une âme sympathique avec qui passer un peu de temps ce soir. Tu te diriges naturellement vers le Falcon. Tu connais bien le patron ainsi que la plupart des barmans, tu leurs ramènes régulièrement de jolies bouteilles de whisky et ils t'aiment bien, Brionny. Tu rayonnes d'une nouvelle lumière lorsque tu pousses la porte du bar. T'as retrouvé un peu de ta superbe, t'es moins minée, tu souris de nouveau, tu dors de nouveau, ça se voit.  T'arrives au comptoir, tu retires ton manteau pour le déposer sur le dossier d'un des tabourets. Il fait moins froid, tu peux à nouveau sortir tes robes et t'as pas hésité une seconde en voyant un timide rayon de soleil ce matin par la fenêtre. Ça t'as mis en joie. Tu salues le barman alors que tu t'appuies sur le comptoir, que tu te penches un peu vers lui pour discuter. Il dépose une bière devant toi, tu lui tends un billet qu'il encaisse et tu bois une longue gorgée de la blonde devant toi. Ça te fait du bien. Tu soupires, balayes l'intérieur du bar des yeux, t'aperçois Philippe au fond de la pièce et tu te perds à l'observer pendant quelques secondes. Ça fait plusieurs semaines que tu ne l'as pas vu, la dernière fois... Tu t'en rappelles comme si c'était hier, t'as appelé ce jour "le jour où Philippe a dit toute la vérité" dans ton esprit, lorsque t'y repenses. Et si t'avais souhaité faire un effort pour vous donner une chance, t'avais pas réussi, c'était trop dur. Tu lui avais demandé de partir le lendemain. T'avais besoin de temps. Et maintenant ?
Tu prends ton verre et ton courage pour te diriger jusqu'à la table où il est installé avec verre de whisky, tu prends la chaise en face de lui, tu t'installes, tu lui laisses pas vraiment le choix. C'est le moment où jamais.
- Hey..., tu le salues et le gratifies d'un sourire sincère, j'suis contente de te voir... je comptais... t'appeler... Comment tu vas ?

T'as beau y penser encore et encore, tu revois ta chère mère, tu ne penses quasiment jamais à elle, tu déteste penser à elle. C'était une femme difficile, calculatrice, changeante, elle était une mère incroyable pendant deux ou trois jours, et puis elle était la vilaine belle mère de cendrillon le reste du temps. T'as beau y repenser parfois, au travers de tes yeux d'enfants déjà tu savais que quelque chose clochait chez cette femme... mais tu la revois, assise dans le salon, te souriant "la vérité te soulage toujours Philippe, c'est pour cela qu'elle est si importante, tu dois toujours dire la vérité mon fils", comme si le fait qu'elle le dise t'avait poussé à t'en défier totalement... et pour cause, il y a quelques semaines tu avais pris la décision de vivre en plein dans la vérité, en étant assez honnête pour lancer ta procédure de divorce que tu repoussais depuis toujours et pour dire à ta maîtresse la vérité sur la disparition de sa sœur chérie...
Bref, tu dois avouer que depuis qu'elle t'a foutu à la porte il y a presque trois semaines, tu ne sais plus vraiment comment te comporter, la vérité n'a en rien été bénéfique pour toi. Du coup, tu décides de simplement être ce bon vieux Philippe pour les affaires et t'as réussi à remonter la pente de ce côté là. Tu vis dans une appartement du centre qui t'appartient pour ne pas croiser ta harpie de future ex femme et... tu picoles. Comme maintenant, ça fait bien une heure que t'es là et t'as déjà sifflé une bouteille... tu demande au mec derrière le bar de te resservir de loin et ton verre plein tu reprends ta tâche, le vider.
Du moins jusqu'à ce que la chaise en face de toi bouge et laisse se dessiner la silhouette de ta maîtresse... enfin ex maîtresse.
A d'autres... t'as aucune raison d'être contente de me voir... Tu dis ça avec tout le mépris possible envers toi même, et puis merde. Ton regard se pose sur elle. Je pensais jamais te revoir...

Tu poses le verre sur la table et t'es surprise par la réaction de Philippe, t'hausses les sourcils et tu le fixes, un peu inquiète. Lorsqu'il dit qu'il ne pensait jamais te revoir, tu roules des yeux et fait glisser ta chaise pour te rapprocher. Mhh, bon, tu lui avais pas donné de nouvelles depuis ces trois dernières semaines et t'allais probablement pas t'en excuser. Après tout, c'était de sa faute, pas de la tienne. Il avait clairement fait de la merde, et encore c'était peu dire.
- Tu pensais jamais me revoir ? Ici ? A Hillsboro ?
Tu lui adresses un sourire en coin et tu bois une gorgée de ta bière, tu décides de pas trop prendre en compte sa mauvaise humeur. Tu devines qu'il n'en est pas à son premier verre. C'est bizarre. T'as envie de le toucher. Il te manque. Vraiment. Et il se trompe quand il dit que tu n'es pas contente de le voir. Une partie de toi le déteste pour ce qu'il a fait, mais l'autre... Tu peux pas t'empêcher de penser que le Philippe que tu connaissais n'était pas celui qui a fait du mal à ta soeur. Est-ce que ça change quelque chose ?
Tu passes une main dans tes cheveux pour dégager ton visage et tu tournes ton regard vers Philippe.
- Ecoute... J'sais pas si t'es au courant mais... Mon frère a fait son coming out, et... ça a rendu mon père totalement... dingue. Il l'a viré. De l'entreprise. De la maison. Enfin... Voila. T'as devant toi la nouvelle numéro deux Fairchild.
Bien sûr que ça t'emmerde pour Callum, mais... Tu sais que tu peux partager ça avec Philippe, tu sais que lui comprendras que ça puisse te rendre un peu contente, un peu satisfaite, bien que t'aurais jamais souhaité ce qui arrive à ton frère et que tu sois prête à lui rendre sa place à tout moment. Tu sais aussi que si ton père te voit à présent comme héritière potentielle, c'est uniquement parce que t'es la dernière dans ses bonnes grâces et que Callum est une déception sans nom pour lui. Mais une victoire est une victoire. Philippe comprenait ton ambition.
- J'voulais te proposer de "fêter ça", entre guillemets. Enfin je veux dire, j'devrais sans doute pas le fêter mais... ça mérite bien un verre... t'expliques, te mordant l'intérieur de la lèvre.
Tes doigts glissent jusqu'au dos de sa main, t'effleures sa peau avant de les retirer, de relever tes yeux bruns vers lui. Coupable.

Sa remarque est juste et tu le sais, dans une petite ville comme la tienne on est rarement en mesure d’éviter quelqu’un… Même si dans ton cas tu squattes tellement ton bureau que tu croises peu de gens la journée, quelques clients, des partenaires d’affaires ça s’arrête là… et le soir tu viens ici ou ailleurs et tu bois. Jusqu’à maintenant tu ne l’avais pas croisé, il n’est donc pas impossible d’éviter quelqu’un à Hillsboro. Bref. Tu reprends une gorgée de ton whisky, l’écoutant parler de sa famille, de son frère qui a décidé d’apprendre à tout le monde qu’il était gay et qui a du coup a sans été déshérité ! Malheureusement pour les gosses Fairchild, papa Fairchild est pas le must de l’ouverture d’esprit…
J’vois que ton père fait toujours dans l’extrême… personne ne s’est opposé à ce qu’il vire ton frère de chez vous ? C’est étonnant.
Les Fairchild ont une conception de la famille bien à eux, attention t’es loin d’être en mesure de revendiquer quoi que ce soit, avec une femme et des gosses qui te déteste, mais après le décès de l’une des leurs, t’aurais pensé que les choses se passeraient autrement. Enfin, le bon côté c’est que tu as réussi à atteindre ton but… Mlle l’héritière ! Tu dis ça sans sarcasme, juste parce que c’est la vérité. L’alcool aidant tu continues à être un gros con de plus… A sa remarque tu souris, te redressant dans ton siège pour lever ton verre dans sa direction.
Bien sur que ça se fête ! Entre requins… tu as été à bonne école… Félicitations !

Ton père est pas ce qu'on peut appeler "ouvert d'esprit" au contraire, il a son avis bien défini sur les choses, selon lui c'est dans la bible et le pape est d'accord avec lui. Les Irlandais ne sont pas des homosexuels. Et les femmes n'y comprennent rien pour gérer une entreprise. Mais voilà, manque de pot son héritier est gay alors à choisir il préfère encore que ce soit la fille qui assure. Entre la peste et le choléra....tu soupires et répond a Philippe :
- Si, bien sûr, je m'y suis opposée mais j'étais là seule. Ma mère est sous anti-depresseur depuis la mort d'Harper, elle est totalement...bref... C'est l'enfer les réunions de famille en ce moment.
Mais bon. Autant voir le positif. Et Philippe est prêt à trinquer. Tu souris quand il t'appelle l'héritière. Tu roules des yeux ensuite. Requins. Oui... Bon. Il n'a pas totalement tort. Tu fais tinter ton verre contre le siens et t'en bois une gorgée. Après tout il a raison. T'arrives à te réjouir de la nouvelle alors c'est que t'en quand même un peu tordu. C'est bizarre car t'es partagée, tu sais que tu vas tout faire pour que Callum retrouve sa place...
- Comment ça se passe de ton côté ? Ton divorce avance ?
Tu poses les yeux sur lui, t'as l'impression que ton cœur va exploser quand tu croises ses yeux.

Forcément t’as mis les pieds dans le plat… et si t’étais honnête envers toi-même, tu reconnaîtrais qu’en tant que père tu ne vivrais pas super bien l’idée d’avoir un fils gay… les vieux principes ont la vie dure… mais dans le fond, t’espère un peu que tu n’irais pas jusqu’à mettre ton fils à la porte… tu l’espères sans en être totalement convaincu malgré tout. Bref.
Oui je comprends… j’espère malgré tout que ça s’arrangera pour ton frère. Ses… préférences sexuelles n’influent pas sur ses capacités en affaire. J’vais peut-être lui proposer du boulot ! Tu ris, parce qu’après tout ce ne serait pas une si mauvaise idée, les Fairchild sont des bosseurs, tu le sais depuis bien longtemps. Tu laisses ton verre tinter contre le sien et tu souris, ça te fait du bien de la voir, tu pensais que ça n’arriverait plus, qu’elle te détesterait tellement qu’elle n’accepterait même plus de poser les yeux sur toi… et finalement, elle est là. Face à toi et tu réprimes cette part de toi qui te fais ressentir le manque qu’elle a laissé durant ces quelques semaines. Ça te fout mal à l’aise. Sa question elle ne t’étonne pas, mais elle te fait sourire.
Mieux que je ne l’aurais imaginé il y a quelques semaines, du moins sur le plan des affaires, tout va plutôt bien… Tu fais une pause, reprenant une gorgée de ton whisky. Tu connais ma femme… elle n’a pas dit son dernier mot, et jusqu’à présent elle refuse catégoriquement de signer les papiers du divorce… à croire qu’elle préfère un mari infidèle à la solitude… c’est dingue quand on y pense.

Quand il dit qu'il va lui proposer du boulot tu hausses les sourcils avant de sourire. MAIS QUELLE IDEE GENIALE ! Ça t'enthousiasme, tes yeux s'illuminent d'un coup:
- Ohhh ! C'est une super idée, Philippe ! Tu sais il est très bon, il travaille dur, tu pourrais sans doute lui trouver quelque chose à faire ! Et il ne met pas son nez partout... Lui...
Oui, tu t'auto-vises, Brionny la fouine. Ton frère n'a pas hérité de ce défaut même s'il a le mérite d'être assez loyal envers toi pour te suivre dans tes combines. C'est même lui qui t'a aidé à entrer dans le bureau de Philippe la toute première fois. Ce jour où tout a basculé entre vous deux.
Il te raconte d'ailleurs que les choses ne vont pas trop mal, sauf son divorce qui n'avance pas. Sa femme ne veut pas signer les papiers. Evidemment. Tu te demandes déjà si vous pouviez trouver un moyen de la mettre au pied du mur. Après tout, le voir divorcer pourrait aussi être en ton intérêt...
- Ok... T'as déjà un plan ? tu lui demandes avant de te mettre à sourire. En fait, le plan pourrait être très simple. Toi et Philippe vous pourriez vous afficher, ça obligerait sa femme à signer les papiers du divorce, trop humiliée pour vouloir rester mariée avec lui. Quelle femme resterait avec un homme qui se montre en public avec une autre ? Mais si c'était simple sur le papier, ça ne l'était pas en vrai. T'étais pas forcément prête à ça.
- Tu ne vas quand même pas la laisser te mener en bateau et attendre qu'elle se décide à signer un jour ?
Tu serais presque à nouveau dans ton rôle de maîtresse, là...

Ta réaction te fait rire, forcément elle s’emballe, elle voit l’intérêt pour son frère, mais dans le fond tu sais que ce ne sera pas si simple, le fils Fairchild doit avoir une bien basse opinion de ta personne, tu en es convaincu.
Je me doute qu’il est appliqué dans ce qu’il fait, même si je suis convaincu qu’il doit avoir de gros aprioris me concernant, mais je peux lui trouver une bonne place dans un de mes nouveaux projets. Dis-lui de m’appeler. Et puis qi sait, peut être que ton père reverra son jugement s’il sait que j’emploie son fils… En plus de se taper sa fille, cette réflexion intérieure te fait sourire mais tu la garde pour toi.
La réaction de Brionny sur ton divorce te fait hausser les épaules, bien entendu que tu as déjà commencé à réfléchir à un plan b dans cette histoire de divorce, et non tu ne risques pas d’accepter son « nom » comme une véritable réponse.
Il existe une clause dans notre contrat de mariage, qui stipule qu’en cas d’infidélité avérée, le divorce sera effectif immédiatement et sans réserve… j’envisage d’engager un gigolo pour la séduire et avec les preuves, je pourrais divorcer rapidement. Mais je dois jouer ça intelligemment. Le plan se dessine doucement dans ta tête, mais tu ne dois pas foncer tête baissée. Tu te doutes de ce que cela signifie. Je vais devoir faire profil bas pendant quelques temps...

Philippe n'a pas tort, Callum ne l'apprécie pas vraiment mais tu pourrais le faire changer d'avis, ce n'est qu'un détail. Et puis, effectivement, ça pourrait pousser ton père à réfléchir à tout ça. Tu bois une gorgée de ta bière lorsqu'il t'explique son "plan", son besoin de preuve pour démontrer que sa femme lui était infidèle et ...son idée d'engager un "gigolo", tu manques de t'étouffer et tu tousses un peu, avalant avec difficulté:
- Attend, quoi ? tu le fixes avec intensité avant de te mettre à rire doucement mais ton rire passe aussi vite qu'il est arrivé lorsque t'entends la suite. Tes lèvres se pincent avec agacement lorsqu'il te signifie qu'il va devoir "faire profil bas". OK Philippe, t'as compris. Néanmoins....
- Mais, je comprends pas t'as une preuve d'infidélité avérée... sous tes yeux, tu lui dis en te désignant, te pointant du doigt.
Oui car, dans le genre "infidélité avérée" t'étais une assez bonne preuve. Sans doute préférait-il que sa femme soit la responsable du divorce mais ce n'était pas très honnête, après tout c'était lui qui en avait fait la demande. Pourquoi souhaitait-il rejeter la faute sur sa femme pour obtenir le divorce alors qu'il pouvait tout simplement l'obtenir en s'incriminant lui-même comme un époux infidèle échouant à sa tâche. Monsieur le juge, je suis infidèle à ma femme, j'exige que vous la libériez de ce mariage ! Mais non. En fait il te disait simplement qu'il ne voulait pas se faire remarquer, blablabla, et donc qu'il n'était pas question de s'afficher avec toi. CQFD.
- Mais... J'vois où tu veux en venir, Philippe, tu dis en fronçant les sourcils, tu crois que je te parle de tout ça dans une tentative désespérée de te récupérer... si c'est ta façon de me prévenir que je resterais dans l'ombre comme ta vulgaire maîtresse... tu crains. Vraiment.
Il aura pas mis longtemps avant de t'énerver. Même si bien sûr que tu mens. T'es revenue dans une tentative désespérée de le retrouver. Evidemment. Pas forcément pour vivre votre relation au grand jour cela dit, peut-être juste ce soir, et puis... aviser la suite. Quand t'y penses c'est stupide. Les choses ne seront jamais simples avec lui.  

Sa réaction te fait rire tu dois bien l’avouer et ce qu’elle déblatère ensuite encore plus. Elle manque un point essentiel dans toute cette histoire, mais elle est encore loin d’imaginer toutes les choses qui peuvent arriver suite à ce divorce… tu dois donc la jouer fine.
C’est un peu plus compliqué que ça ! Si je voulais simplement le divorce alors oui, je t’emmènerais en vacances au ski avec de superbe photo à envoyer à son avocat… mais il existe tout de même de petites choses à prendre en compte. Elle a fait partie de nombreuses de mes affaires et je suis convaincu qu’elle détient pas mal de choses. J’ai besoin d’obtenir le divorce sur faute de sa part… de cette façon si elle essaye de me faire tomber, je pourrais facilement faire passer cela pour de la vengeance… tu me suis ?! T’es loin d’être idiot, et tu sais ce que tu as à faire pour obtenir un divorce sans risque. Par contre sa façon de prendre la mouche était assez amusante et tu ne t’empêcha pas de sourire, lui adressant un clin d’œil aguicheur.
Calme toi, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire… Tu reprends une gorgée de ton verre, le reposant sur la table devant toi. Je sais que tu es loin d’être du genre à me courir après… et encore moins à être ce stéréotype de la maîtresse suppliant son amant de divorcer pour vivre une idylle au grand jour… simplement, la dernière fois… tu m’as demandé ce que ce divorce impliquerait pour nous. Il me paraissait plus juste de te faire comprendre que dans l’immédiat rien ne changerait… si tu veux continuer bien entendu. T’aime pas trop parler de ce qu’il y a entre vous comme d’une affaire commerciale mais c’est l’impression que tu donnes et tu secoues la tête, riant légèrement. Je me doute que tu te fiches de ça… je n’ai pas envie de discuter de nous de cette façon…

Tu l'écoutes attentivement mais évidemment t'as ta propre interprétation de tout ça. Tu le toises un peu, tu sais qu'il a raison, il doit se protéger et clairement t'attends pas de vivre votre idylle au grand jour, non. Qu'est-ce que t'attends au juste ? Tu le vois s'amuser de la situation, bizarrement ta réaction a au moins le mérite de lui redonner un peu le sourire, et de sa contenance. Ça te fait presque plaisir. Tu souris, finalement, et tu le regardes en biais alors que tu bois une gorgée de ta bière. Tu reposes le verre et tu te tournes franchement verre Philippe:
- Où sont passés les " ohh, Brionny, nous n'aurons plus à nous cacher si c'est ce que tu veux... notre relation n'est pas que purement charnelle... " bla bla bla " je ferais ce qu'il faut pour toi... ", tu le railles, l'imitant vulgairement avant de te mettre à rire.
Tu relèves les yeux vers lui, plonges ton regard dans le sien. Tu te mords l'intérieur de la joue, t'hésites un peu, tu sais pas vraiment ce que tu veux mais t'es pas tellement le genre à y réfléchir, t'es plus du genre à te laisser porter et ça pourrait jouer en sa faveur. Ton impulsivité. Ton incapacité à prendre vraiment du recul. Ta main vient se poser sur sa cuisse, sous la table, à l'abri des regards curieux, alors que tu ne le quittes pas du regard.
-Tu me manques, Philippe... tu murmures presque, ça te fait mal et ça te soulage aussi, tu te sens nue et stupide, tu sais que tu devrais partir en courant, le fuir comme la peste. N'importe qui de censé le saurait. Mais t'y arrives pas. Tu penses à lui dés que tu penses à Harper et vice versa. Tu penses à lui quand tu te lèves, quand tu te couches, t'aimerais savoir quoi faire, t'aimerais que ça s'arrête, mais plus tu veux que ça s'arrête plus c'est dur.

Cette façon qu’elle a de te railler te fait sans doute autant rire qu’elle t’agace. Certes tu aimerais que les choses soient plus simples, sans forcément aller jusqu’à se balader main dans la main en pleine rue, mais juste ne plus à se poser de question, à planifier, à faire en sorte de ne pas être surpris, outre l’excitation des premiers temps, tu te lasses de toutes ces intrigues et tu le sais.
Tu ris de moi ? Ce n’est pas très gentil ça Mlle Fairchild… Tu souris, parce que cette légèreté t’a manqué, clairement. Je suis toujours convaincu que nous avons largement dépassé le stade de la relation purement charnelle, tu as pris une place bien différente de celle d’une vulgaire maîtresse et je suis persuadé que tu en es consciente. Trop de formalité, t’arrive décidément pas à parler normalement, à exprimer simplement ce que t’as dans la tête. Son geste achève de te convaincre qu’elle est vraiment prête à être en ta présence sans l’envie de t’arracher les yeux.
Tu m’as manqué aussi… Comme un aveu honteux, toi qui a toujours mis un point d’honneur à ne laisser personne entrer ainsi dans ta vie. Si on t’avait dit que les choses tourneraient ainsi, sans doute ne te serais-tu même jamais lancé dans cette aventure. T’avais envie de la toucher, mais étant dans un endroit public tu laisses ta main sur ton verre, penchant légèrement la tête dans sa direction. Peut être que tu pourrais m’inviter à dîner… cuisiner pour moi, en bonne maîtresse d’un vieil homme affamé... Tu souris, forcément tu préfères l’intimité de son appartement à tout autre lieu, pour le moment du moins…

Tu lui as manqué aussi. Bon. Tu peux pas dire que ça te surprenne mais ça te fait du bien de l'entendre, ça te conforte dans l'idée que t'étais pas qu'une passade pour lui, une femme parmi d'autres. Au fond de toi tu le sais qu'il y a quelque chose entre vous, quelque chose de bien plus fort que vous n'osez vous le dire. La seule chose qui te retient vraiment de lui dire ce que tu ressens c'est ce qu'il a fait. Tu sais que si tu lui dis tu ne peux pas faire demi-tour, pourtant toi Brionny, t'es pas le genre à refouler tes sentiments. T'aimes les vivre pleinement. T'es toujours trop. Et là, tu te sens coincée. Lui dire ce que tu ressens vraiment, pas à demi-mot, pas par des insinuations, c'est risqué de ne plus jamais pouvoir t'en défaire. Alors c'est mieux de te taire pour le moment, ça te laisse la porte ouverte à la fuite. Lorsqu'il te dit que tu pourrais l'inviter à dîner tu penches la tête et lui envoie un regard qui dit " Sérieux?", ça te fait rire un peu, tu secoues la tête, ta main se resserre sur sa cuisse, tu le pinces presque, avec un sourire, tu le défies des yeux :
- Philippe, qu'on soit clair... C'est toi qui va m'inviter à dîner.
Ouais faut pas déconner non plus. T'as bien mérité qu'il t'invite. Même si c'est qu'une pizza ou un plateau de sushis. Peu importe. C'est sûrement pas à toi de lui faire le plaisir de cuisiner ou de l'inviter. Non. Pour une fois, Philippe pourrait bien t'entretenir comme la maîtresse que tu es. Tu termines ta bière en une longue gorgée et tu reposes le verre vide sur la table. Tu vois, quand tu pensais que t'allais rencontrer une âme avec qui passer la soirée ce soir, t'avais pas tort.
- J'te rappelle que t'as pas mal de choses à te faire pardonner, lui rappelles-tu en te levant. Tu récupères ton manteau, pas question de rester une minute de plus ici. On peut aller chez moi et prendre quelque chose sur le chemin.

Clairement tu vis avec le poids de la culpabilité... tu n'as pas l'impression d'avoir vécu jusque là avec le poids du secret, t'es capable de vivre avec ça, de laisser dans un coin de ton esprit les saloperies que t'as pu faire... et pourtant t'as ressenti le besoin d'avouer à celle qui avait le plus de chance de t'en vouloir à vie, et surtout avec qui tu avais le plus à perdre. Ca ne t'a pas soulagé et ça n'était pas le but au final. T'as fait ça sur l'impulsion du moment et peut être un peu pour que les compteurs soient remis à zéro, pour que la base de ce qu'il devait y avoir entre vous soit clean. Par égoïsme donc, voilà ce que te répète ta petite voix intérieure... peu importe.
Sa réaction te fait rire, elle ne perd jamais le nord cette fille et quelque part c'est sans doute ce qui a fait que tu n'es pas passé à autre, comme avec les autres. Et moi qui te voyait comme une gentille maîtresse... finalement j'ai le droit à la maîtresse de base, vénale et... affamée. Et tu ris, en sentant la pression s'exercer sur ta cuisse. Juste la regarder à le don de t'exciter et lorsqu'elle te touche n'en parlons pas... Tu lève les yeux au ciel alors qu'elle parle de te faire pardonner, t'as pas du tout envie de penser à ça. Tu claque le reste de ton whisky en une gorgée et tu te lève, attrapant le manteau qu'elle a dans les mains pour l'aider à l'enfiler. On va passer au restau indien un peu plus bas, et on ira chez toi, mademoiselle. T'aurais bien attraper sa main mais ce n'était clairement pas l'endroit alors tu te contente de lui faire signe de te suivre d'un mouvement de tête, arrivant jusqu'à ta voiture, tu tiens la portière le temps qu'elle monte, prenant place derrière le volant. Elle me rappelle toujours de très... agréables souvenirs, cette voiture... Un sourire espiègle sur les lèvres, tu démarre direction le restau indien.

Tu te lèves et enfiles ton manteau avec l'aide de Philippe, puis tu le suis à l'extérieur du bar. Il fait frais et tu refermes un peu ton manteau sur toi avant de te glisser dans la voiture de Philippe. LA voiture. Tu souris légèrement en entendant l'allusion de Philippe. Vous avez pensé à la même chose. Toi aussi, monter dans cette voiture te rappelle des souvenirs, cette soirée mythique au casino notamment... ou vous aviez terminé la soirée à vous envoyer en l'air sur le siège arrière. La voiture démarres, il a proposé de passer par le restau indien et ça te va. Tu l'observes conduire, t'aimes le regarder concentré sur la route, tu restes silencieuse, tes yeux remontent le long de ses avants-bras, puis descendent.
- Philippe ? Gare-toi.
Tu pourrais attendre, attendre sagement que vous arriviez chez toi. Mais c'est mal te connaître, hein. T'es pas patiente.
- Maintenant.
Tu croises son regard avec cette détermination qu'il te connait si bien. T'attends qu'il se gare, que la voiture s'arrête, et lorsqu'enfin c'est le cas, qu'il éteint le contact de la voiture, t'arrêtes d'attendre. Tu viens l'embrasser, presser tes lèvres contre les siennes avec urgence, tu te débarrasses de ton manteau pour venir t'installer sur ses genoux malgré l'étroitesse de l'habitacle. Tu te serres contre lui puis tu romps ce baiser pour le regarder.
- Ne redis jamais que je suis une maîtresse "de base"... tu souffles, tes lèvres toujours à quelques centimètres des siennes.